Éviter l’épuisement professionnel des travailleurs sociaux

Chaque jour, des milliers de travailleuses et travailleurs sociaux ainsi que des professionnels de la santé mentale au Canada — et tout particulièrement en Ontario — accompagnent des personnes ayant vécu des violences graves : violence conjugale, sexuelle, institutionnelle, etc. Cette mission essentielle, bien qu’extrêmement noble, n’est pas sans conséquences pour celles et ceux qui l’assument. L’épuisement professionnel des travailleurs sociaux est évitable.

Les risques invisibles d’un métier centré sur la souffrance

Être à l’écoute de la détresse humaine jour après jour laisse des traces. L’épuisement professionnel, la fatigue de compassion et le traumatisme vicariant sont des risques bien réels.

  • La fatigue de compassion peut se traduire par une diminution de l’empathie, une forme de détachement émotionnel, voire de cynisme.
  • Le traumatisme vicariant, lui, est une forme d’empreinte du trauma vécu par les personnes accompagnées.

Ces phénomènes peuvent mener à une dégradation de la qualité de l’accompagnement, mais surtout à des effets délétères sur la santé mentale des intervenant·es eux-mêmes.

Exemple : une intervenante d’un centre pour femmes à Toronto pourrait commencer à ressentir de la colère et de l’impuissance après chaque témoignage de violence, ce qui affecte son sommeil et sa capacité à se concentrer.

Face à cela, l’auto-soin n’est pas un luxe : c’est une nécessité professionnelle.

 

Prendre soin de soi au quotidien : gestes simples mais puissants

L’auto-soin n’est pas qu’un massage ou une fin de semaine au spa. Il s’agit d’un ensemble d’habitudes concrètes pour préserver son équilibre psychologique et émotionnel.

  • Créer des routines de transition

À la fin de la journée, il est essentiel de se déconnecter mentalement du travail. Cela peut passer par une marche de 15 minutes, écouter de la musique apaisante ou pratiquer 5 minutes de respiration consciente.

Astuce : créer un rituel symbolique (par exemple, changer de vêtements ou boire une tisane spéciale « fin de journée ») pour marquer la séparation entre la vie professionnelle et personnelle.

  • Écrire pour ventiler

Tenir un journal réflexif permet de déposer ce qui a été entendu ou ressenti sans l’accumuler. Ce geste aide à prendre du recul et à mieux identifier ses signaux d’alerte.

  • Bouger et s’alimenter

Même de courtes pauses actives améliorent la clarté mentale. S’étirer entre deux rencontres, marcher autour du bâtiment ou faire quelques respirations profondes contribuent à prévenir la saturation.

Rappel : une alimentation équilibrée et un sommeil de qualité soutiennent aussi la résilience émotionnelle.

 

Repérer les signaux d’alerte : un devoir envers soi-même

Ignorer les signaux précurseurs d’un mal-être professionnel peut mener à un effondrement silencieux. Mieux vaut intervenir dès les premières alertes.

Signes à surveiller :

  • Fatigue persistante malgré le repos
  • Difficultés de concentration
  • Irritabilité, pleurs fréquents
  • Isolement social
  • Impression de ne jamais “en faire assez”

Astuce : créer son propre système de feux de circulation

  • Vert : je me sens bien, motivé·e
  • Jaune : je ressens une fatigue inhabituelle, je prends une pause
  • Rouge : je ne vais pas bien, je demande du soutien

 

Prendre soin de soi, c’est prendre soin des autres

Accompagner des personnes ayant vécu des violences exige du courage, de la présence et une profonde humanité. Mais ce rôle ne peut se faire au détriment de soi.

Intégrer l’auto-soin dans sa pratique quotidienne, et revendiquer des structures de soutien dans son milieu de travail, est un acte de résilience et de responsabilité professionnelle.

 

Ressources en Ontario

Voici quelques ressources disponibles gratuitement ou à faible coût :