Dans le Nord de l’Ontario, où les distances géographiques peuvent parfois s’ajouter à l’isolement social, les occasions de rassembler les générations prennent une signification toute particulière. Dans notre travail en santé mentale communautaire, nous constatons chaque jour les bienfaits des liens humains — et plus encore, ceux qui se tissent entre jeunes et aînés.
Les activités intergénérationnelles ne sont pas seulement enrichissantes. Elles peuvent jouer un rôle concret dans le soutien émotionnel des personnes de tous âges. En rapprochant les générations, on réduit l’isolement, on stimule l’estime de soi, et on contribue à un sentiment d’utilité et d’appartenance, deux piliers importants du bien-être psychologique.
Voici quelques pistes concrètes pour mettre en place ou encourager ces échanges précieux.
Les générations ne vivent pas séparément dans nos communautés. Elles partagent un territoire, une histoire et souvent des défis similaires — même si elles les expriment différemment. Créer des ponts entre elles permet à chacun de se sentir vu, entendu et valorisé.
Chez les aînés, ces échanges apportent souvent un regain de vitalité. Sentir qu’ils ont encore quelque chose à transmettre — une histoire, une compétence, un regard sur la vie — peut raviver leur confiance et diminuer l’isolement. Pour les plus jeunes, écouter un aîné, partager un moment avec lui, c’est découvrir d’autres façons de penser, et développer une forme d’empathie profonde, parfois absente dans leur environnement immédiat.
Il n’est pas nécessaire de mettre sur pied un grand projet pour commencer. Les activités les plus efficaces sont souvent les plus simples, surtout lorsqu’elles sont régulières.
Quelques exemples :
Lire ensemble : un enfant lit un livre à un aîné ou l’inverse.
Jeux de société : bingo, dominos, jeux de mémoire, ou même jeux de cartes traditionnels.
Échanges épistolaires : lettres, courriels, cartes postales peuvent permettre des dialogues émouvants, même à distance.
Ces activités sont faciles à organiser, y compris dans les milieux ruraux ou éloignés. Elles permettent une interaction douce, naturelle, qui laisse la place à la parole… ou simplement à la présence partagée.
Les gestes de la vie quotidienne, comme préparer un repas ou planter un jardin, sont d’excellents prétextes pour créer des liens.
Cuisiner ensemble, c’est plus qu’une activité : c’est une occasion de transmettre des souvenirs, des traditions familiales, et de développer un sentiment d’appartenance. Jardiner permet, quant à lui, de travailler côte à côte, de manière apaisante et productive. Ces activités stimulent les sens, favorisent la discussion et valorisent l’expérience de chacun.
Les arts visuels, la musique, l’écriture ou même la photographie sont de puissants outils de communication émotionnelle. Dans un projet artistique partagé, il n’y a pas de hiérarchie : chacun apporte sa vision, son rythme, sa sensibilité.
Organiser une séance de peinture libre, écrire un poème à deux voix, créer une fresque communautaire ou même enregistrer une courte vidéo permet aux générations de s’exprimer autrement. Ces moments partagés peuvent révéler des talents, mais surtout, des émotions qui autrement resteraient enfouies.
Dans le Nord de l’Ontario, les distances rendent les contacts en personne plus difficiles. Heureusement, les outils numériques peuvent aider à combler ces écarts.
Les jeunes peuvent initier les aînés aux appels vidéo, à la messagerie ou à la recherche d’information en ligne. Ces gestes renforcent le sentiment de compétence des aînés, tout en valorisant le rôle des plus jeunes comme passeurs de savoirs. Ensemble, ils peuvent créer un album photo numérique, une série de capsules vidéo ou même un petit blogue familial.
Les organismes communautaires, les écoles, les bibliothèques, les centres pour aînés et les groupes culturels peuvent jouer un rôle moteur dans la mise en place d’activités intergénérationnelles.
Organiser des rencontres thématiques, des cafés-récits, ou des événements où les familles sont invitées à venir avec plusieurs générations peut faire toute la différence. Ces initiatives ne demandent pas nécessairement de gros moyens, mais elles requièrent une volonté : celle de créer des espaces où les gens peuvent simplement se rencontrer.
À travers notre travail en santé mentale, nous avons appris que les relations humaines sont l’un des plus puissants leviers de mieux-être. Les activités intergénérationnelles sont une forme de soin invisible, mais profondément efficace. Elles rappellent à chacun qu’il a une place, un rôle, une histoire à partager.
Encourager ces moments, c’est bâtir une communauté plus solidaire, plus humaine. Et surtout, c’est investir dans la santé émotionnelle de toutes les générations — pour aujourd’hui, et pour demain.
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